La fin d’une liaison, regardée d’une manière purement
formalisme tout en parvenant à se donner au spectateur avec un naturel confondant.
(2006, Mexique, 2h20)
Avec Miguel Angel Hoppe, Fernando Arroyo, Alejandro Rojo…
Synopsis : Gerardo rencontre Jonas et les deux garçons tombent amoureux. Ils ne se quittent plus, ne peuvent plus se passer l'un de l'autre, se touchant sans cesse, s'aimant sans cesse. Mais, pendant une nuit fatidique en discothèque, le lien entre eux est déchiré par le baiser occasionnel échangé entre Jonas et un étranger, Bruno. Dès lors, Jonas ne cesse de s'imaginer dans les bras de cet étranger et rejette Gerardo. Frustré et tourmenté, celui-ci cherche le réconfort dans des rapports anonymes et remarque, pour la première fois, Sergio, un garçon qui le couve des yeux depuis le début de sa relation avec Gerardo…
Critique : A Mexico, ville d’altitude, Julian Hernandez raréfie le dialogue et synthétise les rapports autour d’enjeux éclairés par la force visuelle de la mise en scène et un matérialisme qui se lie intelligemment à l’état d’apesanteur amoureux. Le jeu s’établie sur le fétichisme de la peau, des vêtements et des lieux (discothèques, hôtels, marches imposantes des escaliers menant à la faculté). Ils prennent une dimension particulière, très palpable et rendue possible par le pari de la durée, de l’étirement sensuel des séquences, de leur répétition et de leur minimalisme intrinsèque. L’irruption de la permanence et la joie qu’elle procure veut s’opérer contre la distance et contre le temps, le fusionnement graduel et le souci des rituels participent bel et bien d’une préservation de la continuité de ces micro évènements, sentiments et cruciaux.
Purement formaliste, le film réussit à se donner à nous de manière naturelle : Gerardo et Jonas se trouvent parce qu’ils se cherchaient. Jusqu’à la nuit où Bruno s’immisce entre eux… Jonas entame une liaison avec lui mais il n’a pas l’énergie ou l’audace de la poursuivre. Gerardo, alors, ne voit plus en Jonas que le signe précurseur d’une mort irrévocable. Ils n’ont pas l’intention de se séparer, mais la nouvelle forme de leur vie soulève des problèmes eux aussi nouveaux, et beaucoup de questions. El Cielo Divido : Une fêlure est apparue dans le ciel… Peu à peu, entre sorties et journées d’études patiemment mises à place par la réalisation de Julian Hernandez, Gerardo se persuade que Sergio est l’homme qu’il attendait depuis toujours. En couchant avec lui, il parvient à s’affranchir du souvenir de Jonas. Gerardo et Jonas s’aiment, peut-être jusqu’à la fin de leur vie, mais leur séparation est inévitable. Sous le ciel de Mexico, deux vies se sont jouées.
Julien Welter